Marc Maouche, candidat de l’AASGO aux élections du Conseil d’administration d’Orange, est allé à la rencontre des salariés lors d’une tournée d’informations publiques à Lyon, Caen, Rennes et Paris durant les premières semaines de janvier. En plus d’une conférence téléphonique programmée le 17 janvier…
Nous vous partageons ici le dialogue très riche qui s’est tenu, en conservant la forme dialoguée des échanges pour vous restituer de la façon la plus fidèle et vivante possible, les questions, les surprises, les commentaires de nos collègues… Une explication de textes sur beaucoup de sujets techniques et complexes liés à l’épargne et à l’actionnariat-salarié, à la stratégie de l’entreprise, au plan Engage2025, à la veille du premier tour des élections qui désigneront le représentant de l’actionnariat-salarié au Conseil d’Administration d’Orange …
Quelques chiffres sur l’actionnariat-salarié en France
CAC 40 : % du capital détenu par les actionnaires-salariés au 31/12/2018 (Source LHH Altedia, à partir des documents de référence)
La moyenne du CAC 40 : 3,2%
On remarquera que Bouygues affiche 19% d’actionnariat-salarié dans le capital, bien devant les autres entreprises francelaises du CAC40. A l’origine, Francis Bouygues qui a mis dès les années 60, un dispositif précurseur d’actionnariat-salarié en place.
Participant : Ce qui permet à Bouygues de ne pas être OPEAable.
Marc Maouche : Bouygues ne l’est pas : dans le capital, il y a quelques banques, la famille, les salariés. A un moment, cela se diluait un peu du fait d’augmentations de capital successives, et l’entreprise a donc racheté des actions sur le marché, en les redistribuant à la famille et aux salariés. La Direction veille à ce que les salariés et la famille pilotent la société. On ne dit pas pour autant que tout est merveilleux, partout, tout le temps, bien sûr, mais la gouvernance est sous contrôle !
Dans le palmarès, vous avez ensuite de grandes entreprises que vous connaissez : Saint Gobain, Safran, Société Générale, et, ce que vous voyez, c’est que nous, chez Orange, on a 5,5% d’actionnariat-salarié dans le capital. On est quand même dans les premiers de ce palmarès du CAC40.
Participant : On voit bien qu’Orange est sixième.
Participante : Dans les premiers.
Participant : Mais la tendance, c’est quand même de ne pas avoir d’actionnariat-salarié. Parce que si tu enlèves les 20% de Bouygues… Ça fait 3,2 %, en moyenne !
Marc Maouche : La tendance est à la hausse, en réalité. Et cela va encore s’accélérer. Avec la Loi PACTE, la dernière grande Loi économique en France qui date du mois de novembre 2019, il est prévu que dans toutes les entreprises, de toutes les tailles, les salariés possèdent à terme 10% du capital. La doctrine, est aujourd’hui que les salariés prennent du pouvoir dans leur propre entreprise, cela dépasse le sujet de l’augmentation des salaires, qui est bien évidemment important, mais n’est pas le seul qui importe.
Participant : Qu’est-ce qu’il peut y avoir comme effets négatifs à l’actionnariat-salarié ? Il n’y a pas que du positif, si ?
Marc Maouche : Je vois beaucoup de positif. A l’extrême, il y a des entreprises où 100% du capital appartient aux salariés, ce sont les SCOP, les sociétés coopératives. Tous les salariés sont actionnaires et il n’y a rien d’autres que des salariés actionnaires dans le capital. Mais bien évidemment, si la société ne va pas bien, le salarié peut perdre à la fois son empLoi et le capital. Ça, c’est le risque.
Participante : Et cela, c’est le vrai danger des SCOP.
Marc Maouche : C’est le gros danger des SCOP. Mais, prenons l’exemple d’ESSILOR. Ils viennent de racheter un groupe italien, ce qui a mécaniquement fait baisser l’actionnariat-salarié, mais chez ESSILOR, tous les salariés du monde entier sont actionnaires. L’entreprise avant de présenter son plan stratégique aux financiers extérieurs, réunit l’Assemblée Générale de l’association des actionnaires-salariés pour leur demander leur avis.
Participant : En voilà une bonne pratique !
Marc Maouche : Si je l’ai en tête, ce n’est pas par hasard ! L’actionnariat-salarié, c’est comme si on gérait l’entreprise en se disant que mon intérêt n’est pas contraire à l’intérêt du capital parce que le capital, c’est moi. Donc, si je conjugue mes intérêts, normalement, je marche dans un seul sens. Le problème, c’est quand on les met en confrontation, par exemple, en opposant salaire et dividendes. Pourquoi ? Si le dividende empêche l’entreprise d’investir et de payer ses salaires, il y a dysfonctionnement. Mais si tu augmentes tes salaires régulièrement et qu’en même temps, tu as tes dividendes, et qu’en même temps, tu fais des investissements, tu as essayé de répondre à toutes les contraintes, et tu n’as pas opposé les gens.