« Tout n’est pas à vendre »
Telle a été la réponse de Martin Bouygues à la proposition de SFR Numéricable de racheter Bouygues Télécom pour 10 milliards d’euros.
On se réjouira de cette réponse cinglante à celui qui pensait qu’en offrant un bon prix pour l’un de ses concurrents, il pourrait devenir le premier opérateur français, tout en s’endettant à outrance pour profiter de taux d’intérêt encore faibles, en se disant qu’ensuite il pourrait à son tour revendre pour un bon prix des réseaux et des fréquences dont Free a besoin, pressurer ses fournisseurs et son personnel, se débarrasser de salariés que les pouvoirs publics inciteraient fortement Orange à reprendre pour éviter de nouveaux chômeurs (au passage SFR Numéricable ferait des économies tandis que qu’Orange verrait ses charges salariales augmenter…). Quant à l’Etat, avec un opérateur mobile de moins, il n’avait qu’à revoir à la baisse ses espérances de recettes lors de la prochaine vente de fréquences.
Pour autant le problème économique du marché français reste entier. On voit bien qu’avec 4 opérateurs le gâteau est bien petit. Pour accroître sa part, chacun, Free d’abord, Bouygues Télécom maintenant, cherche à mordre sur la part des voisins. La bataille par les prix se traduit par l’écrasement des marges si bien qu’on voit mal comment tous ces opérateurs seront en mesure de financer les lourds investissements que nécessite le développement des réseaux mobiles et à très hauts débits à l’échelle de tout le territoire.
Une consolidation est donc inéluctable pour éviter qu’une concurrence profitable à court terme au consommateur, ne conduise rapidement à des morts chez les opérateurs, les clients n’ayant sans doute alors rien de bon à trouver sur le champ de bataille.
Si la consolidation au plan national s’avère trop compliquée, la solution ne serait-elle pas transnationale ? Après tout, avec une centaine d’opérateurs en Europe, le problème n’est-il pas à ce niveau ?