Marc Maouche, candidat de l’AASGO aux élections du Conseil d’administration d’Orange, est allé à la rencontre des salariés lors d’une tournée d’informations publiques à Lyon, Caen, Rennes et Paris durant les premières semaines de janvier. En plus d’une conférence téléphonique programmée le 17 janvier…
Nous vous partageons ici le dialogue très riche qui s’est tenu, en conservant la forme dialoguée des échanges pour vous restituer de la façon la plus fidèle et vivante possible, les questions, les surprises, les commentaires de nos collègues… Une explication de textes sur beaucoup de sujets techniques et complexes liés à l’épargne et à l’actionnariat-salarié, à la stratégie de l’entreprise, au plan Engage2025, à la veille du premier tour des élections qui désigneront le représentant de l’actionnariat-salarié au Conseil d’Administration d’Orange …
ORP ou distribution d’actions gratuites : à quoi s’attendre de la part de Orange ? Que demande l’AASGO ?
Participant : Peut-on sécuriser le principe de l’actionnariat-salarié ? Aujourd’hui, Stéphane Richard est en faveur du dispositif, mais quid du prochain Président ? S’il veut marcher à rebours, y a-t-il moyen de stabiliser l’actionnariat-salarié dans l’entreprise ? Comment faire pour instituer une philosophie et une ligne rouge, afin que l’actionnariat soit toujours présent, fort, en progression… ?
Marc Maouche : J’en ai parlé avec Stéphane Richard lors de notre dernière Assemblée Générale de l’AASGO cet automne, puisqu’il y était invité et présent comme chaque année. Je lui ai dit qu’il parlait beaucoup d’actionnariat-salarié mais qu’il n’avait pas fait beaucoup d’opérations. Il nous a annoncé son opération de distribution d’actions gratuites aux salariés. Nous devrions tous en avoir confirmation officielle sous peu et recevoir un courrier d’annonce. Mais, que va-t-il se passer ? 15 jours plus tard, parions que vous aurez déjà oublié ce cadeau qui ne renforcera donc pas le sentiment d’appartenance. Parce que vous n’aurez pas pris part, pas acheté par vous-même des actions.
De plus, cette distribution gratuite d’actions coûte plus cher que si c’était vous qui aviez acheté les actions directement. Sans compter que la Direction doit l’anticiper plusieurs années à l’avance, en espérant que les résultats seront suffisants plusieurs années de suite pour permettre de verser ce qui était prévu et promis. En termes de communication interne, c’est délicat.
Cela coûte cher car l’entreprise doit racheter des actions pour les distribuer aux salariés, il faut lisser les rachats en essayant de viser en fonction des fluctuations du cours. Aujourd’hui, finalement, ils sont satisfaits que le cours n’ait pas trop monté, sinon cela aurait coûté encore plus cher.
Finalement, l’entreprise orchestre un micro-évènement, la distribution gratuite de 80 actions au mieux – et si on en reçoit 70, les gens vont relever la différence : « vous m’aviez promis 80, et je n’en ai que 70 ».
Alors, bien sûr, tout le monde sera récompensé de son travail. C’est quand même un cadeau appréciable mais je reste convaincu cependant que l’ORP coûte moins cher à l’entreprise, et permet une communication plus porteuse pour renforcer la culture d’actionnariat-salarié. Le schéma idéal serait de faire une ORP avec abondement tous les ans, au moment où les gens reçoivent leur intéressement et leur participation.
Participant : J’ai l’impression que c’est déjà ce qui se fait, avec les 500€, les 1000€ d’abondement sur le PERCO.
Marc Maouche : Alors, attention, le PERCO ne constitue pas des actions Orange. (ndlr. Le plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO) permet aux salariés d’épargner pour préparer leur retraite.)
Et cela ne rentre pas dans le calcul des 5 et 10% d’actionnariat-salarié.
Le PERCO, c’est de l’épargne salariale, ce n’est pas de l’actionnariat-salarié. L’actionnariat-salarié, ce sont des Fonds Communs de Placement qui sont constitués en actions Orange, qui ouvrent des droits sur la gouvernance de l’entreprise et permettent de recevoir des dividendes.
Chez Orange, l’actionnariat-salarié, c’est 1,7 milliards. Si j’additionne, en valeur, le PEG et le PERCO, j’aboutis à presque 4,5 milliards.
Il ne faut surtout pas remettre en cause le PERCO, il faut le continuer, c’est un sujet important pour nos retraites. On est tous d’accord sur ce point : le système de retraite ne doit pas bouger, mais si on peut se rajouter quelque chose à côté, ce n’est pas plus mal !
Je préfère, en tant que président de l’AASGO, que l’entreprise abonde les achats des salariés, quitte à ce que le salarié ne mette que 500€ et qu’ils obtiennent des délais de paiement, mais qu’ils aient vraiment agi par eux-mêmes sur une base volontaire. Or, cette fois avec la distribution gratuite, on les leur donne. On ne va pas refuser pour autant, mais cela coûte trois fois plus cher à l’entreprise.
Il faudrait mieux des opérations régulières, petites régulières, tous les ans. C’est ce que fait Bouygues depuis cinquante ans.
Participant : Et si on n’a pas la trésorerie au moment voulu, on peut rater des occasions au moment du lancement des grosses ORP. Si cela revient régulièrement en revanche, c’est plus gérable.
Marc Maouche : Si c’est moins ambitieux, que cela revient régulièrement et que c’est synchronisé avec le versement de la participation, tu n’as pas besoin de sortir de cash.
Participant : Oui, cela facilite.
Marc Maouche : Chez Orange, pour vous donner une idée du montant, et du nombre de personnes que cela concerne, on a 3 dispositifs principaux :
- Le Fond Commun de Placement Orange Actions, celui dans lequel vous avez certainement placé votre intéressement régulièrement ou participé aux ORP, pèse 134 millions d’actions.
- Le FCPE Orange Ambition International, avec nos collègues à l’étranger qui ont bénéficié d’opérations d’actionnariat-salarié, représente 341 000 actions. Un très gros écart, parce que la politique de l’entreprise pendant des années n’a pas été d’embarquer l’ensemble des collègues.
- Les actions Orange « au nominatif », c’est-à-dire celles qui ont été acquises en tant qu’actions gratuites ou qui résultent de très anciennes opérations. Soit 1 million d’actions.
Le succès de l’élection des 20 au 24 janvier, sur laquelle je compte sur vous, comme l’AASGO compte sur vous, se joue sur le FCPE Orange Actions. Mobilisez-vous et mobilisez autour de vous, car avec l’organisation qu’a mise en place l’entreprise, l’information est minimale, et la participation risque d’être faible.